Depuis le 1er janvier 2024, la règlementation française a introduit l’obligation d’intégrer les risques liés aux addictions dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP). Cette évolution s’inscrit dans une démarche plus large de prévention des risques au travail et constitue un enjeu important, particulièrement pour les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS). Dans cet article, nous reviendrons sur ce que recouvre cette nouvelle obligation et comment les ESSMS doivent l’aborder pour renforcer leur démarche qualité.
Le DUERP : un outil clé de prévention des risques professionnels
Le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) est un document obligatoire pour toutes les entreprises et établissements, quel que soit leur secteur d’activité. Il permet d’identifier, d’évaluer et de classer les risques pour la santé et la sécurité des salariés. Ce document est un outil essentiel pour la mise en place d’une politique de prévention des risques au travail.
L’intégration du risque d’addiction : pourquoi cette évolution ?
Les addictions, qu’elles soient liées à l’alcool, aux drogues, au tabac ou aux médicaments, peuvent avoir un impact majeur sur la santé des travailleurs et sur le bon fonctionnement des équipes. Elles augmentent les risques d’accidents du travail, peuvent altérer les performances et affecter la cohésion des équipes.
Les addictions sont également souvent sous-estimées dans les évaluations de risques traditionnelles, ce qui peut entraîner des situations de danger pour les employés et pour les usagers dans le cadre des ESSMS.
Quels risques spécifiques pour les ESSMS ?
Dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS), les professionnels sont particulièrement exposés à des facteurs de stress, de surcharge émotionnelle et de situations parfois violentes, qui peuvent augmenter le risque d’addiction. Les secteurs d’activité, tels que les maisons de retraite, les établissements pour personnes handicapées ou les centres d’accueil de jour, sont des environnements où le bien-être des employés et des usagers est primordiale. Les addictions peuvent non seulement affecter les travailleurs, mais aussi les relations avec les usagers, compromettant ainsi la qualité des services fournis.
Qu’est-ce que le risque d’addiction dans le cadre du DUERP ?
L’addiction est définie comme une dépendance physique et/ou psychologique à une substance (alcool, tabac, drogues, médicaments, etc.), mais également à un comportement (jeux de hasard, internet, etc.). La réglementation impose désormais que ce risque soit évalué dans le cadre de la démarche de prévention des risques professionnels, au même titre que les autres risques liés à la santé et à la sécurité au travail.
L’intégration du risque d’addiction dans le DUERP repose sur plusieurs éléments clés :
- Identification des situations à risque : Les ESSMS doivent analyser les situations de travail qui peuvent conduire à des comportements addictifs, comme le stress, l’isolement social ou encore l’exposition à des situations émotionnellement difficiles.
- Évaluation du risque : L’évaluation doit porter sur les conditions de travail, l’environnement, les postes à risque (par exemple, les professions les plus exposées à des troubles psychosociaux) et les comportements des employés.
- Mise en place de mesures de prévention : Ces mesures doivent inclure des actions concrètes telles que des formations à la gestion du stress, l’amélioration des conditions de travail, ou encore la mise en place de dispositifs d’accompagnement pour les employés en difficulté.
Comment intégrer le risque d’addiction dans la démarche qualité des ESSMS ?
Dans un ESSMS, la qualité des soins et de l’accompagnement des usagers repose sur un environnement de travail sain et sécurisé pour les professionnels. L’ajout du risque d’addiction dans le DUERP doit être perçu comme une opportunité d’améliorer à la fois les conditions de travail et la qualité du service rendu.
Voici quelques pistes pour intégrer ce risque dans la démarche qualité :
- Sensibilisation et formation des équipes : Les équipes doivent être formées pour identifier les signes de dépendance, comprendre les causes potentielles et savoir comment agir en cas de problème. Des sessions de prévention sur les risques liés à l’addiction, en particulier dans le secteur médico-social, doivent être proposées régulièrement.
Pour un affichage dans votre structure, vous pouvez notamment commander l’affiche sur le site de l’INRS. - Accompagnement des collaborateurs : En cas de dépendance, il est essentiel de mettre en place un dispositif d’accompagnement, qui inclut des options de suivi médical, psychologique et des mesures adaptées pour la réintégration dans l’emploi.
- Évaluation continue des risques : L’évaluation du risque d’addiction dans le DUERP doit être un processus dynamique, qui inclut la prise en compte de l’évolution des pratiques professionnelles, des conditions de travail, ainsi que des retours d’expérience des employés.
Pour vous faciliter la tâche, le risque d’addiction est présent dans la liste de risques par défaut de votre logiciel Qualitéval. - Collaboration avec des spécialistes externes : Il peut être utile de faire appel à des experts, comme des psychologues du travail ou des addictologues, pour mieux comprendre les problématiques spécifiques au secteur et mettre en œuvre des actions de prévention adaptées.
Conclusion : l’importance de cette nouvelle obligation dans la prévention des risques professionnels
L’ajout du risque d’addiction dans le DUERP constitue une avancée significative pour la santé et la sécurité des travailleurs, en particulier dans des environnements sensibles comme ceux des ESSMS. Il est essentiel que chaque établissement prenne cette nouvelle règlementation au sérieux et l’intègre dans sa démarche qualité. En faisant de la prévention des addictions une priorité, les ESSMS pourront non seulement améliorer la santé et le bien-être de leurs équipes, mais aussi garantir un meilleur accompagnement et une prise en charge plus sereine pour les usagers.